BABABAM : Rencontre avec Pierre Orlac’h patron de la plateforme de Podcasts qui cartonne !

C’est lors de la deuxième édition du Salon du Podcast à Paris que nous avons rencontré Pierre Orlac’h, le créateur de la plate-forme de Podcasts « BABABAM ». Ce site internet n’a même pas un an et cartonne déjà chez les aficionados de ce nouveau format. Interview.

C’est en avant-première, lors du Paris Podcast Festival, que l’équipe de « Bababam » est venue présenter le dernier épisode de la première saison de « Noises » : « Les Chachapoyas« . Le podcast de fiction en son binaural 3D (à écouter au casque). Chaque épisode a une histoire unique, elle peut-être horrifique, comique ou encore à suspense. Ce dixième et dernier épisode de la saison est une aventure à la « Indiana Jones ». Il est interprété  par Blandine Bellavoir, Bruno Sanches et Thierry Frémont.

Mais « Bababam » ne fait pas que du podcast de fiction, vous trouverez sur la plateforme pas moins de neuf podcasts natif différents. Il y en a pour tous les goûts, du bien-être, du foot, de l’amour et même un podcast sur la série « Plus belle la vie » !

C’est juste après l’avant-première de l’épisode de « Noises » que nous avons rencontré Piere Orlac’h, le boss et créateur de « Bababam ». Il nous parle de l’avenir de la plate-forme, de la saison 2 de « Noises » et il nous donne même des petites exclus !

Interview :

Bonjour Pierre, comment est né Bababam ?

J’ai créé Bababam avec d’anciens associés avec qui j’avais déjà créé une société (Groupe Cerise) et que nous avons revendu depuis à Prisma Media en 2016. Suite à cette vente j’ai continué à travailler chez Prisma et c’est là que j’ai commencé à découvrir l’audio et j’ai tout de suite adoré. Déjà parce que nous sommes à un moment où l’attention est de plus en plus compliquée. Nous consommons beaucoup de contenu de façons très « snack » et pour moi l’audio permettait de revenir à du contenu plus long. Aussi parce que l’on s’aperçoit que les prochaines révolutions technologiques seront beaucoup plus pilotées par la voix. C’est tous ces points qui m’ont donné l’envie d’entreprendre dans l’audio. J’ai donc fondé « Bababam » il y a un an, nous sommes encore des petits bébés, mais pour autant c’est un démarrage incroyable qui est au-delà de nos espérances. « Bababam » c’est trois pôles : Un studio de production pour nos podcasts natifs – Une agence où l’on accompagne des médias et des marques dans la compréhension du média audio. C’est ce qui nous permet de financer nos propres productions pour la plate-forme. – Et une filiale technologique, dont on parlera très rapidement, car nous sommes en train d’avancer sur une solution technologique. Sur ces trois éléments nous avons deux focus principaux qui sont, démocratiser l’audio pour que celui-ci ne soit pas un sujet de niche mais qu’il soit plutôt consommé par le plus grand nombre et faire vivre une expérience unique. C’est ce qui fait notre ADN. Notre idée était de sortir plusieurs formats, sur plusieurs thématiques. Un format radio libre, un format conversationnel, un format récit et un format fiction. Il y a aujourd’hui plein d’indépendants qui font du récit ou de la fiction et ils sont super. Mais nous, nous voulions être les premiers à tout réunir sur une seule et même plate-forme tout en gardant la même intensité qu’ont ces indépendants. Dans toutes ces fictions déjà existantes il n’y en avait aucunes en son binaural et nous voulions vraiment aller vers cette innovation. Nous voulons montrer que la fiction audio ce n’est pas qu’un audiobook, ça peut être aussi un divertissement fort avec un casque sur les oreilles. C’est une expérience qui peut te mettre les poils à un moment donné parce qu’il y a quelque chose qui te fait tressaillir et que tu as l’impression de faire partie de l’aventure. Voilà pourquoi on a créé « Noises », parce que l’on voulait aller au bout de ce coté expérientiel. Quand tu écoutes « Les Chachapoyas », le dernière épisode de cette première saison, moi j’ai deux moments où j’ai pas l’impression d’écouter un bouquin mais d’être vraiment dedans, c’est la poursuite en voiture et l’ouverture de la porte du temple. Tu vis l’aventure avec les personnages. Voilà pourquoi « Bababam » a été créé, pour démocratiser, faire vivre des expériences et « Noises » est le format le plus représentatif de ce côté expérientiel.

 

En ce qui concerne « Noises », l’idée de départ de faire une fiction binaural 3D, elle vient d’où ? Est-ce une idée de ta team et toi ou des scénaristes avec qui vous avez travaillé ?

Encore une fois je reviens aux indépendants dont on parlait avant, mais le premier épisode de Noises je l’ai écrit tout seul. J’avais une équipe d’ingénieurs du son et de musiciens, mais on est parti de rien. C’est vraiment venu de l’idée de faire une fiction en binaural avant tout. Et aujourd’hui on a plein de scénaristes qui frappent à notre porte, même des scénaristes télé qui ont pignon sur rue. Nous avons même des comédiens qui veulent participer à nos fictions et qui viennent vers nous. Mais au début, pour ce premier épisode, tout a été fait à l’énergie et la sueur !(rire) Sans même savoir si ça allait prendre et finalement le premier épisode à vraiment bien marché. Du coup avec Nathalie Bernas (la réalisatrice des épisodes de Noises) on a décidé de grandir et d’être plus ambitieux. Elle nous a aidé à trouver des voix, car c’est un métier, mais des voix qui s’accordent et qui ne se ressemblent pas afin de ne pas perturber l’auditeur. En tout cas en lançant Noises, on savait que l’on ferait dix épisodes et on voulait faire une anthologie.

 

Et monter crescendo ?

Alors ça on l’a fait parce que ça a bien marché tout de suite…

 

Est-ce que la conception des épisodes est toujours la même ou, en fonction du scénario, cela peut changer ?

Le point de départ c’est d’échanger avec les scénaristes sur des genres. Du coup en fonction des genres, on va chercher des scénaristes un peu différents. Ensuite on laisse le scénariste assez libre pour nous faire son pitch. Il y a quand même deux éléments sur lesquels on discute avec eux avant l’écriture finale. Le premier c’est de savoir à la place de quel personnage l’auditeur va être, pour nous c’est essentiel car c’est la clé de l’immersion. Le deuxième c’est que le scénariste indique bien ce que l’on va entendre au casque. Comme sur un scénario de cinéma où l’on va avoir les annotations pour les plans et ce qu’il va se passer à la caméra, là on a besoin de la même chose. Exemple, la balle va passer de droite à gauche, tel personnage va parler à l’oreille de tel personnage, etc… Ça c’est essentiel dès l’écriture de la voix, c’est ce qui fait que l’on a du mal à travailler avec des scénarios qui avaient été écrits sans être pensés pour du son binaural 3D. On travaille plutôt dans le sens inverse, on propose nos thèmes aux scénaristes, aventure, comédie, etc. et ils écrivent des choses bien établies pour le binaural. Pour exemple, nous avons beaucoup travaillé sur cette première saison avec le scénariste Thomas Le Petit Corps car il est passionné de son. Donc comme il s’y connait bien, pour lui c’est un jeu et on sent qu’il y prend du plaisir dans son écriture.

 

Pour ce dernier épisode, « Les Chachapoyas », tu as refait appel à l’actrice Blandine Bellavoir (que l’on a vu dans « Les petits meurtres d’Agatha Christie » sur France 2), mais aussi à Thierry Frémont (Acteur de cinéma et de théâtre) ainsi qu’à Bruno Sanches (l’acolyte d’Alex Lutz dans « Catherine et Liliane »). Est-ce l’évolution que tu veux apporter à « Noises », faire venir des acteurs de renom ?

Alors non, on n’aura pas tout le temps des acteurs de grande notoriété à chaque épisode. Disons que pour ce dernier épisode on voulait clôturer la saison en beauté. Mais Thierry Frémont était un acteur que l’on avait déjà approché et qui était intéressé par le projet, mais après il y a les emplois du temps et pour ce dernier épisode il a été disponible. Après c’était bien de viser des comédiens de théâtre et de télé pour montrer aux gens que les acteurs aussi sont intéressés par le podcast natif et que c’est quelque chose à prendre au sérieux. Mais ce n’est pas la notoriété qui prédomine le casting de « Noises », il faut juste que l’on ait des acteurs bons et qui s’accorde vocalement ensemble, point.

 

Ces acteurs apportent quand même un peu de pub à « Bababam », car on va sûrement parler plus de cet épisode dû à son casting. Donc il y a-t-il une volonté de mettre plus en avant cet épisode là par rapport au reste de la saison de Noises ?

Non, car on va soumettre aux votes des auditeurs les 10 épisodes de cette première saison et l’épisode qui gagnera sera décliné en série l’année prochaine. En plus de la saison deux de Noises bien entendu. Mais on a eu tellement de retombées incroyables, Télérama qui dit que nous sommes le « Black Mirror » du podcast, Apple qui nous classe parmi les 20 meilleures podcasts, que c’est une aventure géniale et on se laisse griser ! Du coup oui, on a voulu faire un dixième épisode qui cogne un peu plus que les autres, par son casting et sa durée aussi. Car c’est l’épisode le plus long de cette saison(44min) et en plus ça fonctionne, on reste en haleine tout le long. Mais après ce n’est pas pour ça que c’est notre épisode préféré et que ça sera celui qui aura le plus gros succès d’écoute non plus. Les écoutes se font aussi beaucoup par rapport au genre, par exemple notre plus gros succès d’écoute c’est un épisode horreur qui s’appelle « Jouets D’enfer ». Pour ma part l’épisode qui me tient le plus à coeur c’est « Silencio », qui est un épisode dystopique, mais je les aime tous en vrai. Mais en tout cas, on n’a pas fait ce dernier épisode en se disant qu’il allait faire de l’ombre aux autres ou plus de presse… C’était juste pour marquer la fin de cette première saison et aussi pour fêter le fait que nous avions été au bout de notre projet. Mais à aucun moment on s’est dit, quand on a démarré l’aventure « Noises », que nous ferions dix épisodes de 40 min chacun et avec que des acteurs célèbres, non… Nous avons démarré humblement et le succès nous a donné la possibilité de finir avec quelque chose de plus marquant et on l’a fait.

 

Tu parlais du genre, justement, penses-tu que le son binaural peut fonctionner avec tous les styles d’histoire ? Tu parlais de l’épisode horrifique qui avait bien fonctionné, mais si on parle de l’épisode « Jeu, set et matche » qui est une comédie, penses-tu que ça match aussi bien avec le son 3D ?

Je pense que le binaural s’ouvre à tout, il faut juste bien le penser et le travailler à l’écriture, comme je le disais tout à l’heure. Je te donne une exclusivité mais sur la saison deux de « Noises », on veut refaire un épisode comique avec le même casting et les mêmes personnages que « Jeu, set et match ». On a eu une idée par rapport au son qui nous fait dire que l’épisode, on espère (rire), va être génial ! En gros le couple sera en train d’essayer d’endormir un nouveau né, deuxième exclue(rire encore) ! Je pense qu’à partir du moment où tu as trouvé l’angle de ton histoire qui fait que le binaural devient essentiel alors peu importe le genre. Tant que l’auditeur est au centre du sujet et que ça matche, le pari est gagné.

 

Parlons de l’avenir de « Bababam ». Est-ce que des projets et des nouveaux concepts, comme l’a été « Noises », sont en cours ?

Sur la fiction on continue sur le binaural. Une étude du CSA à dit que 70% des personnes qui écoutent du podcast le fond avec un casque, d’où le fait que nous ne ferons pas de fiction sans binaural. Donc oui on va continuer à développer la fiction, avec début 2020 une saison deux de « Noises » et le développement en série de l’épisode gagnant de la saison une. Puis en fonction de l’intérêt et des projets, tout simplement continuer à développer plus courant fin 2020. Après sur nos autres formats, qui ne sont pas des fictions, on a un lancement de l’un de nos podcasts en anglais. C’est une reprise du podcast « Maintenant vous savez », qui est un format court qui fonctionne bien. Et il y aura aussi deux nouvelles émissions l’une sur les fantômes et l’autre autour de la pop culture.

 

Justement la pop culture est en pleine expansion depuis quelques années et le format podcast est très utilisé par cette communauté. Du coup quel style aura cette émission sur la pop culture ?

On a des idées, mais il y a beaucoup d’offres aujourd’hui et même de très bonnes offres. Sur le cinéma ce qui est produit aujourd’hui est incroyable, je pense à « Deux heures de perdues » ou encore à « Super ciné battle », on a vraiment une offre incroyable et c’est des gens super bons. Donc nous on veut faire quelque chose, même si on pense que l’on ne sera pas forcément les meilleurs sur le thème radio libre et conversationnel, parce qu’il y a déjà beaucoup d’offres. Je pense que ça sera un format plus court, et sans en dire trop, il y aura un côté chronique et des surprises. Du coup en fonction des épisodes on aura des types de chroniques différentes et des thèmes pop culture différentes.

(L’entretien à eu lieu lors du Paris Podcast Festival le samedi 19 octobre 2019.)

 

 

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