BLOCKBUSTERS : Entrez dans les coulisses de l’émission à succès de France-Inter.
Qui aurait cru qu’un jour des sujets comme le jeu vidéo Sonic, la série The Walking Dead ou encore Marvel seraient abordés dans une émission consacrée à la pop culture sur France-Inter ? Personne, à part peut-être Frédérick Sigrist qui place tous ces sujets, et bien d’autres encore, au coeur de son émission à succès Blockbusters.
La lumière rouge du studio 51 de la maison de la radio vient de s’éteindre, cela annonce la fin du direct de l’émission Blockbusters du jour. Frédérick Sigrist, le présentateur et concepteur de l’émission, pose son casque, quitte son micro et va vers ses invités pour les remercier d’avoir participé à ce numéro spécial sur le film « Die Hard » (Piège de Cristal en Français). Il sait que ce thème va plaire aux fans de l’émission. En même temps parler de « Die Hard » dans une émission sur la pop culture est une valeur sûre, tous les ingrédients sont là ! De l’acteur sous testostérone : Bruce Willis, de l’action toutes les deux minutes et la nostalgie des années 80. Depuis maintenant trois saisons et à la surprise générale, Blockbusters est l’émission estivale sur la pop culture qui cartonne sur France-Inter.Ayant passé deux jours avec Fred Sigrist et son équipe, j’ai pu voir que ce succès est loin d’être une surprise. Je vous raconte pourquoi.
Comment tout a commencé ?
Tout d’abord le concept. Un thème par émission qui a attrait à la pop culture. Cela peut être un jeu vidéo, un roman, un(e) acteur(trice), un(e) réalisateur(trice) ou un film. Cette culture est dense et regroupe divers univers. Si le succès de Blockbuster n’a cessé de croître au fil des saisons, c’est que, sans le vouloir, Frédérick Sigrist a peut-être trouvé la recette miracle. Celle de faire une émission de fan pour les fans, tout en essayant d’ouvrir la pop culture au plus grand nombre. Cela en faisant des émissions pointues mais toujours expliquées de manière simple.
En fin de saison 2016-2017, son collègue chroniqueur et humoriste de France Inter, Daniel Morin, ne résigne pas pour son émotion estivale qu’il présente depuis plusieurs années. C’est à ce moment là que Fred a l’idée de proposer Blockbusters à la direction : « Je pense avec le recul que sans le vouloir j’ai proposé l’émission au bon moment. C’était un créneau estival que Daniel (Morin) ne reprenait pas et donc ma proposition arrivait à pic. Mais surtout ,c’est qu’au même moment, Patrick Cohen quittait la station pour partir chez Europe 1. C’était un peu le branle-bas de combat chez Inter. Je pense que l’on m’a dit oui en se disant que c’était pour juillet et qui si ça ne fonctionnait pas, bun ciao Sigrist ! ».
C’est en tant que créateur et animateur d’une nouvelle émission que Fred démarre son été chez Inter, alors qu’il n’a aucune expérience dans la présentation pure : « Ça aurait pu être un vrai accident industriel si j’avais pas eu l’aide, dès la troisième émission, d’Ali Rebeihi (présentateur de « Grand bien vous fasse ! » sur Inter) ou de Jean-Baptise Bussière (Rédac-Chef de « La bande originale ») qui m’ont donné des conseils pour rectifier le tire. Et tout d’un coup, au bout d’une semaine et grâce aux sujets proposés, nous avons attiré des gens qui n’écoutaient pas Inter avant. Alors je sais que nous avons aussi perdu des auditeurs historique de cette tranche horaire, je ne suis pas dupe. Mais tout ça a fait que d’un coup, nous nous sommes retrouvés numéro 1 des podcasts toutes radios confondues en France ! ». C’est auréolée d’un succès surprise que l’émission a été reconduite chaque été depuis maintenant trois ans.
Who run the world, Girls !
La première chose observée en arrivant dans le bureau de l’équipe de Fred Sigrist est le silence. Chaque membre est devant son ordinateur, casque sur les oreilles et concentré sur son travail. Une team de «génération Y», jeune et féminine. Ce qui permet de balayer les aprioris sur une pop culture soit disant appréciée uniquement par les hommes.
Nous sommes dans un open space. D’un côté il y a Chloé, Prudence et Aurore qui sont les attachées de production. Ce sont elles qui cherchent les informations pertinentes, les extraits audios qui habilleront l’émission ou encore les auditeurs qui participeront au jeu pendant le direct. Elles sont multi tâches et d’une aide précieuse pour Fred. Dans une autre partie de ce grand bureau il y a Marie, qui est un peu le bras droit de Sigrist. Elle gère les réseaux sociaux ainsi que les articles complémentaires à l’émission que l’on retrouve sur le site internet d’Inter. Mais sa tâche la plus importante est de trouver les bons invités qui viendront débattre à l’antenne. C’est l’une des choses qui fait la force de l’émission, avoir chaque jour des invités différents et connaisseurs en fonction du thème abordé. Le travail de toutes ces personnes est ensuite monté et mixé par la réalisatrice de l’émission, Céline. Cachée derrière son double écran, elle passe ses journées à sublimer le travaille de ses collègues pour rendre l’habillage sonore de l’émission le plus parfait possible. L’habillage sonore dans une émission de radio est important. Il est l’extrait d’une scène de film ou des bruitages d’un jeu vidéo. Il sert à maintenir l’auditeur en éveil pour qu’il puisse se créer une image en complément de l’émission qu’il écoute. Toute cette équipe est orchestrée par Frédérick Sigrist, qui du fond de cette grande pièce donne ses instructions tout en écrivant ses textes d’introduction pour les émissions à venir.
Génération Pop Culture !
Avant de vous emmener à l’enregistrement de l’émission, parlons de son créateur, Fred Sigrist. Ce jeune quarantenaire officie déjà depuis quelques années sur france-inter aux cotés de Nagui dans l’émission « La bande originale » en tant que chroniqueur humoristique. Car il est avant tout un humoriste ancré à gauche et humaniste de religion qui tourne un peu partout en France avec son one man show. Donc au premier abord rien de très pop culture, et pourtant Fred est bien un enfant de la balle. Humoriste de métier mais geek de passion et fin connaisseur de cette culture souvent dénigrée.
C’est tout jeune qu’il va avoir sa première claque visuelle au cinéma : «C’est LE RETOUR DU JEDI au cinéma avec ma mère. Je me rappelle avoir vécu une sorte de mélange entre la peur et la fascination, c’était une grande excitation pour moi. En plus je ne comprenais pas tout avec ces droïdes dans un désert, cette princesse, ce Luke Skywalker. Je pense que je n’étais pas du tout en âge de voir ce film, car j’avais 7-8 ans, mais heureusement ils n’étaient pas aussi regardant qu’aujourd’hui à l’entrée des salles, sinon je serais passé à côté d’un truc énorme ». Puis sa rencontre avec les comics américain va avoir un impact sur lui : « À l’âge de 6 ans, mon oncle m’a offert un Spécial STRANGE (c’était une revue qui compilait les meilleurs épisodes en Français des comics Marvel Américains comme les X-Men, Spiderman, etc…) et je vais découvrir le personnage de Logan. Ce personnage va être important pour moi car il va être pour moi le père que je n’ai pas eu étant issue d’une famille monoparentale. Et je pense même que ma définition du bien et du mal aujourd’hui, vient directement de mes lectures de STRANGE quand j’étais petit ». C’est donc alimenté de tout ça, mais aussi en gardant un oeil aiguisé sur notre société, que Fred va forger son humour sociétal et sa connaissance sur la pop culture.
Blockbuster, le bébé de Fred Sigrist.
Quand on voit travailler Fred Sigrist avec son équipe, on comprend tout de suite qu’il est fin connaisseur. Un exemple ?
Marie annonce à Frédérick que l’émission prévue sur le jeu vidéo à succès « Fortnite » va être compliquée à monter. Problème de droits pour les extraits sonores qui seront diffusés pendant l’émission et difficulté pour trouver des invités ayant assez de maturité pour s’exprimer à l’antenne, le jeu étant très prisé chez les adolescents. Frédérick Sigrist, après une courte réflexion, annule tout simplement l’émission et en propose une sur le dessin animé « Les chevaliers du zodiaque ». Après avoir obtenu l’accord de son équipe et travaillant toujours en osmose avec elle, il distribue à chacune les taches pour développer cette émission improvisée. Les idées fusent, il fredonne la version du générique du dessin animé qu’il faudra obtenir, il choisit la période de l’histoire qui sera mise en avant et quels seront les épisodes dont l’audio sera extrait pour l’habillage. En quelques minutes la trame de l’émission s’est dessinée dans la tête du présentateur.
Blockbusters est son bébé, sa création, qu’il chouchoute au mieux pour apporter un maximum de plaisir aux auditeurs.
Show Time !
Il est l’heure pour toute l’équipe de descendre au studio pour le direct de l’émission. Tout le monde sait ce qu’il doit faire. Marie va chercher en salle d’attente les invités du jour. Prudence et Aurore rejoignent en régie Céline qui est déjà en place derrière sa console de réalisation. Chloé contacte l’auditeur qui va participer au jeu, elle lui demande de bien rester disponible car il sera rappelé pour jouer en direct à l’antenne en fin d’émission.
Céline demande aux invités de mettre leurs casques et de parler chacun leur tour dans le micro pour faire les essais voix. Elle en profite pour les mettre à l’aise, car souvent les intervenants sont des personnes qui ne sont pas habituées à parler en direct à la radio.
Tout est prêt, trois, deux, un, générique. Fred lit son texte d’introduction et présente ses invités sous les yeux de Céline qui, derrière la vitre de la régie, communique des instructions sur le timing de l’émission dans le casque de l’animateur. Une heure plus tard, hors-mi quelques petits bafouillages, on comprend que l’émission s’est bien passée au vu des visages souriants de Fred et ses invités.
Ce sourire, Frédérick Sigrist peut l’avoir. Depuis trois saisons maintenant les audiences de Blockbusters ne font qu’augmenter. Consécration cette année, la direction a donné son accord pour que l’émission soit diffusée en juillet et également en août.
Le succès ne s’arrête pas qu’aux audiences du direct. Les rediffusions en podcast cartonnent et permettent à Blockbusters d’être le numéro un en France en terme de téléchargements.
La belle histoire continue.
L’engouement autour de l’émission a été tel, qu’une pétition a circulé cet été demandant que Blockbusters soit sur la grille de rentrée d’Inter. Tout ceci a payé car depuis le 15 octobre l’émission est de retour, non pas sur l’antenne de France-Inter mais sous forme de Podcast natif, une émission enregistrée exclusivement pour le site internet de la radio et disponible sur toutes les plateformes de téléchargements de podcast.
Frédérick Sigrist a senti, il y a déjà trois ans, le succès grandissant de la pop culture dans le monde, ainsi qu’en France. Les films Marvel, les séries Netflix ou encore dernièrement le succès du film « Joker » lui ont donné raison.
Tout cela prouve bien que cette culture pop, souvent moquée et relayée au second plan, est bien une culture à part entière.
La lumière rouge du studio 51 n’est finalement pas prête de s’éteindre.
Je vous propose de retrouver l’une des émissions, consacrée au film « Die Hard ».