CHARLOTTE : Découvrez l’histoire forte et déchirante de l’artiste peintre Charlotte Salomon, ou quand l’animation sert avec élégance et émotion le devoir de mémoire. Bande-annonce (VF).
Avant la jeune et talentueuse écrivaine Anne Franck, il y a eu Charlotte Salomon, jeune artiste peintre au coup de pinceau incroyable, qui fut déportée durant la seconde guerre mondiale. « Charlotte » est un film d’animation nécessaire qui aura mis huit années à voir le jour, et c’est le 9 novembre 2022 que nous pourrons découvrir au cinéma le destin incroyable, et tout aussi tragique, de cette artiste sublime. Le film bénéficie aussi d’un casting prestigieux en version originale, comme en version française.
L’histoire : Charlotte Salomon est une jeune peintre juive allemande, dont le destin bascule à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Face au tourbillon de l’histoire et à la révélation d’un secret de famille, seul un acte extraordinaire pourra la sauver. Elle entame alors l’oeuvre de sa vie…
Qui est Charlotte Salomon ? Elle est Née à Berlin le 16 avril 1917, Charlotte est la fille unique d’Albert Salomon (1883-1976), chirurgien et professeur à l’université de Humboldt, et de sa femme Franziska. Elle grandit dans la bonne bourgeoisie juive allemande. Quelques années plus tard, son père se remarie avec Paula Lindberg (1897-2000), une cantatrice célèbre. Grâce à elle, la jeune Charlotte croise les esprits les plus brillants de la société allemande de l’époque : le physicien Albert Einstein, le compositeur Erich Mendelssohn ou encore le peintre Max Liebermann. Elle rêve de se consacrer au dessin et parvient à entrer à l’Académie des Beaux-Arts de Berlin, théoriquement fermée aux élèves juifs. Elle y étudie entre 1936 et 1938. Albert et Paula décident alors d’envoyer Charlotte chez ses grands-parents maternels qui sont installés à Villefranche-sur-Mer, dans le sud de la France, chez Ottilie Moore. Cette riche Américaine d’origine juive accueille de nombreux réfugiés dans sa propriété de l’Ermitage. Ottilie est fascinée par le talent de Charlotte et l’encourage à peindre. Entre 1940 et 1942, la jeune fille produira plus de mille trois cents gouaches. Charlotte s’installe ensuite avec ses grands-parents à Nice, mais sa vie est marquée par un nouveau drame : sa grand-mère, dépressive, se jette par la fenêtre de l’appartement. Fin 1940, Charlotte et son grand-père sont arrêtés, en tant que ressortissants allemands, et internés à Gurs dans les Pyrénées. Ils y passent quelques mois et retournent à Villefranche, désormais en zone libre, à leur libération. Les relations entre Charlotte et son grand-père sont difficiles… Ce n’est qu’en 2015 que sera dévoilée une lettre dans laquelle la jeune femme confesse avoir empoisonné celui-ci. Après sa mort, elle épouse le 17 juin 1943 Alexander Nagler, un réfugié autrichien qu’elle a connu chez Ottilie Moore. Deux mois plus tard, les Allemands envahissent la zone libre et commencent à déporter les Juifs qui y résident. Inquiète, Charlotte confie ses dessins à son ami, le docteur Moridis en lui disant : « C’est toute ma vie ». Dénoncés, Charlotte et Alexander sont arrêtés et déportés à Auschwitz. Charlotte, enceinte de cinq mois, est envoyée à la chambre à gaz dès son arrivée le 10 octobre 1943. Alexander mourra dans le camp en janvier 1944. Après la guerre, Ottilie Moore confie aux parents de Charlotte, qui ont échappé à la déportation, sa série de gouaches intitulée Vie ? ou Théâtre ?. Elles sont désormais exposées au Joods Historisch Museum, le musée d’histoire juive d’Amsterdam.
À propos du film. L’idée de réaliser « Charlotte » a germé lors d’un footing matinal. « Charlotte Salomon avait dessiné l’histoire de sa vie, il fallait donc que je produise un film d’animation, le film dessiné de l’histoire de sa vie », explique la productrice canadienne Julia Rosenberg (Natasha, Being Julia), qui à peine arrivée chez elle, envoie un message à la Fondation Charlotte Salomon pour demander les droits. L’inspiration venait de loin. Julia Rosenberg avait reçu le livre de Charlotte Salomon, Vie ? Ou Théâtre ? à l’âge de 13 ans et, de son propre aveu, l’avait presque fétichisé. « On s’attache vraiment à Charlotte et à son œuvre. C’en est presque féroce. »
Un casting international de grande envergure. De sa conception à sa réalisation, Charlotte a nécessité huit ans de travail. « En animation, explique Julia Rosenberg, les acteurs enregistrent leurs répliques avant que le film ne soit animé, et nous avons donc vraiment pris en considération la direction artistique et les choix de tous les membres du casting. » En collaboration avec la directrice de casting londonienne Kate Ringsell (Justice League, Mon dîner avec Hervé), Julia Rosenberg a réuni un casting de voix exceptionnel. Il a fallu un peu moins d’une semaine à Keira Knightley pour accepter de prêter sa voix à Charlotte. « Je pense que ce qui m’a fascinée, c’est que dans son essence cette histoire est tout à fait tragique, et pourtant, grâce à cette personne, grâce à son talent, on a l’impression que c’est, d’une certaine manière, l’histoire d’un esprit qui a survécu », dit Keira Knightley. La pérennité de l’art de Charlotte Salomon contribue à créer ce sentiment d’espoir, mais l’actrice britannique attribue également à son personnage l’amour de la vie. « Elle vit à un moment incroyablement difficile de l’Histoire, dans un contexte d’oppression extrême, et elle doit aussi faire face à certains membres de sa famille qui ne lui rendent pas la vie facile. Et, pourtant, elle a cette sorte de vision, de révélation de ce qu’elle veut être, de ce qu’elle veut faire… une attitude presque punk par moments. » Pour la version française, Marion Cotillard ne tarit pas d’éloges sur l’artiste et son courage qui l’ont rapidement convaincu de prêter sa voix au film. « Je me suis plongée dans sa peinture, et j’ai trouvé ça magnifique. Quant à son histoire, je l’ai trouvée complètement folle, incroyable ; cette si jeune femme aura vécu tant de choses sur une si courte période et aura libéré un art si poignant, si beau. » affirme- t-elle. Comme beaucoup de personnes sur le projet, elle ne connaissait pas l’histoire de Charlotte Salomon avant le film mais elle estime « que c’est important de mettre en lumière le travail des femmes artistes qui ont été laissées de côté par l’Histoire pour on ne sait quelle raison. » Marion Cotillard voit également « l’occasion d’offrir un modèle supplémentaire aux artistes féminines aujourd’hui. » Pour les voix françaises Romian Duris et Anne Dorval complètent le casting, quand Brenda Bleythyn, Jim Broadbent, Sam Claflin et Eddie Marsan le fond pour la version originale.
Après avoir été sélectionné au TIFF de Toranto et au festival d’Annecy, « Charlotte » arrivera sur nos écrans dès le 9 novembre. En attendant, découvrez sa bande-annonce (VF).