LA LOI DE TÉHÉRAN : Un thriller haletant qui nous vient tout droit d’Iran. Bande-Annonce (VOST).
Le grand réalisateur William Friedkin, à qui l’on doit « French connection », à qualifié « La loi de Téhéran » comme l’un des meilleurs thriller jamais vu à ce jour. Si ça c’est pas un gage de qualité ! Ce film va vous plonger dans l’enfer méconnu de la drogue en Iran, un fléau qui gangrène le pays de l’intérieur.
L’histoire : En Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l’on ait 30 g ou 50 kg sur soi : la peine de mort. Dans ces conditions, les narcotrafiquants n’ont aucun scrupule à jouer gros et la vente de crack a explosé. Bilan : 6,5 millions de personnes ont plongé. Au terme d’une traque de plusieurs années, Samad, flic obstiné aux méthodes expéditives, met enfin la main sur le parrain de la drogue Nasser K. Alors qu’il pensait l’affaire classée, la confrontation avec le cerveau du réseau va prendre une toute autre tournure…
Chaque jour, ce sont plus de 10 tonnes de drogue qui sont consommées en Iran ! Comment se fait-il qu’il y ait de plus en plus de toxicomanes, malgré toutes les condamnations à mort et les peines à perpétuité ? Comment se fait-il que la police ne puisse pas arrêter tous les parrains de la drogue une fois pour toutes ? Comment se fait-il que n’importe qui puisse se procurer de la drogue n’importe où et en moins de 3 minutes ? Tant de questions qui ont inspiré l’histoire du film écrit et réalisé par Saeed Roustaee. Le réalisateur est un enfant du pays né en 1989 à Téhéran, où il est sorti diplômé en réalisation de la Soureh Film University. Il a d’abord réalisé 3 court-métrages, puis un documentaire très remarqué, couronné de plus d’une centaine de prix. Son premier long-métrage, Life And A Day (2016), a reçu les 9 principaux prix du w à Téhéran, le plus important festival iranien. Il nous parle de son nouveau film :
Le phénomène de l’addiction au crack en Iran est très peu connu du public occidental. Votre approche a une base très documentée sur le sujet. Quelles recherches avez-vous faites ?
Ces dernières années, la toxicomanie a changé de visage en Iran. Elle est sortie de la clandestinité pour se révéler au grand jour. De plus en plus de toxicomanes sont visibles dans la rue. Leur dépendance à une nouvelle substance, le crack, les a mis à la rue de façon beaucoup plus massive et plus rapide que ne le faisaient les autres drogues. A force de voir ces personnes, j’ai eu l’idée de tourner un documentaire sur elles et j’ai entrepris des recherches. Finalement, ce documentaire-là ne s’est jamais tourné, mais cela a influencé mes films de fiction.
Au dela de la question du crack, l’Iran a un long passif avec la consommation de drogues. Pourriez-vous le résumer ?
Il est un fait que nous avons plusieurs centaines de kilomètres de frontière commune avec le plus grand producteur de drogue du monde (l’Afghanistan). Cette production a augmenté de façon exponentielle lors des trois dernières décennies. Malgré toutes les mesures mises en place visant à empêcher l’entrée des stupéfiants sur notre sol, les trafiquants ont toujours une longueur d’avance : ils vont jusqu’à utiliser des catapultes ou creuser des tunnels pour faire passer leur marchandise.
Il semble qu’en moins de dix ans, le crack se soit substitué à l’opium en Iran. Comment l’expliquez-vous ? Comment votre interêt pour ce sujet à évolué au gré des années, jusqu’à en faire un film ?
Ce qui est au cœur de ce film est une préoccupation d’ordre social. Il n’est pas exact de dire que le crack s’est substitué à l’opium. L’opium est une substance addictive traditionnelle qui continue d’avoir de nombreux consommateurs. Le crack a certes attiré certains opiomanes, mais la plupart de ses victimes ne consommaient pas de drogue auparavant. Pour moi, tout a commencé dans la rue. Or, les opiomanes ne se retrouvaient pas à la rue, ou très rarement. Ce qui m’a frappé avec le crack, c’est que le nombre de toxicomanes sans-abris augmentait de jour en jour. La séquence finale de mon film montre les toxicomanes qui surgissent d’entre les arbres pour affluer vers l’autoroute. Cette vision a été pour moi le déclencheur de l’inspiration du film tout entier.
Vous êtes-vous inspiré de cas véridiques pour votre scénario ou certaines séquences ? Oui, mais je dois dire que ce qui est prioritaire pour moi, c’est l’histoire. Je ne peux incorporer des éléments que s’ils enrichissent l’intrigue. Si j’ai recours à de vrais toxicomanes ou à des faits réels, c’est simplement pour rendre mon histoire plus réaliste, toucher de plus près le réel.
Comme évoqué plus haut, « La loi de Téhéran » possède un aspect quasi-documentaire sur certains points. Par quel processus de préparation êtes-vous passé, que ce soit auprès du milieu de la toxicomanie comme de la police ? Y avez-vous passé du temps en immersion ?
Pour commencer ma recherche, j’ai passé plusieurs jours à la brigade des stupéfiants, puis en prison et au tribunal. Cela m’a permis de mieux comprendre la situation des toxicomanes inculpés, mais aussi de rencontrer des policiers et un juge dont les conseils m’ont été précieux. Cette recherche a duré presque un an, car je voulais être au plus près de la réalité des faits que je décrivais dans mon film.
Le titre international de votre film (JUST 6.5) peut être compris comme un écho aux 6.5 millions d’iraniens consommateurs de crack mentionnés au générique de fin. Mais dans sa version originale, il fait clairement référence à une réplique (les 6.5 tomans qu’il faut payer pour un linceul) où le personnage de Nasser parle de la pauvreté qui l’a amené à devenir un dealer important. Est-ce que cela reflète votre opinion sur les racines de cette crise sanitaire ? Le lien entre les deux allusions, celle au nombre de toxicomanes dans le pays et celle au prix du mètre de linceul, est clair. Pour moi, la toxicomanie et la pauvreté sont étroitement liées. L’écrasante majorité des individus qui ont recours à la drogue le font car ils y trouvent un refuge leur permettant d’oublier la situation inextricable dans laquelle ils vivent ou d’apaiser l’angoisse qu’elle suscite en eux.
JUST 6.5 navigue entre Samad, le policier, et Nasser, le dealer. Pouvez-vous revenir sur cette circulation narrative, comment vous l’avez organisée? Vous sentez-vous plus proche de l’un ou de l’autre ?
Pour moi, ces deux personnages sont les deux faces d’une même médaille. Ce qui me semble primordial, c’est qu’ils sont tous deux issus d’une même classe sociale. J’avais tourné une séquence -supprimée au montage- qui nous faisait comprendre que Samad habite dans le quartier où se trouvait la maison natale de Nasser. J’ai tenu à ce que mes deux personnages soient crédibles, qu’on leur donne raison ou tort. Chacun d’eux croit en lui-même et estime qu’il a raison d’agir comme il le fait, même s’il sait qu’il n’a parfois pas eu le choix.
« La loi de Téhéran » est devenu un des plus gros succès populaires en Iran. Comment expliquez-vous l’intérêt de ce public pour votre film ?
Je considère que certains des films qui sont tournés avec une prétention sociale ne contiennent aucune vérité sur la société. Notamment, des films qui traitent de la pauvreté, des classes défavorisées, des toxicomanes ou des sans-abris ont tendance à le faire avec une vision de touriste, sans véritable connaissance de ces populations. Pour ma part, je connais vraiment les groupes que je donne à voir, j’ai fait des recherches et réalisé des documentaires sur eux. Il me semble que lorsqu’un spectateur perçoit une proximité avec la réalité dans un film, il incite les autres à aller le voir. La meilleure publicité pour un film en Iran est le bouche-à-oreille. Ce n’est pas tant la télévision qui incite les gens à aller voir un film que l’avis de leur entourage. Le succès de mon film vient donc de sa véracité, et du processus d’identification qu’il suscite auprès du public.
Le film sortira prochainement au cinéma et il sera disponible de le visionner en ligne (pour seulement 5€) lors du 38ème Festival du Film Policier – du 26 au 30 mai 2021. (Cliquez ICI pour réserver).
Voici la première bande-annonce en VOST :