LA TROISIÈME GUERRE : Anthony Bajon confirme son talent dans ce film qui retranscrit parfaitement la vie et la psychologie des soldats Français, dans un pays post 2015. Critique.

Un premier film réussi et au casting parfait, avec en tête un Anthony Bajon qui confirme le grand avenir d’acteur qui s’offre à lui. Venez accompagner le quotidien de ces soldats, qui s’efforcent de protéger les gens en oubliant souvent de se protéger eux-mêmes.

L’histoire : Léo vient juste de terminer ses classes et pour sa première affection, il écope d’une mission Sentinelle. Avec sa patrouille, il arpente les rues de la capitale à l’affût de la moindre menace. Mais plus la frustration augmente, plus la paranoïa guette le jeune soldat…

Depuis son ours d’argent du meilleur acteur à la Berlinade 2018 pour « La prière » de Cédric Kahn, Anthony Bajon ne cesse de récolter des prix pour la plupart des films dans lesquels il joue. Et même quand il ne gagne rien, son talent suffit à sublimer les excellents films auxquels il participe, comme dernièrement avec le très bon « Teddy » des frères Boukherma.

Anthony Bajon enfonce le clou de son talent avec le premier film du réalisateur italien Giovanni Aloi, « La troisième guerre », sorti depuis le 22 septembre. Il est accompagné de l’acteur Karim Leklou dans le rôle d’un soldat écorché vif et de Leïla Bekhti qui campe le sergent tourmenté de cette unité de soldats chargée de patrouiller lors d’une mission sentinelle. C’est avec ce trio d’actrice et d’acteurs de talents, que Giovanni Aloi nous propose de vivre le quotidien fastidieux des soldats Français qui errent à longueur de journée, entre les rues de la capitale et les couloirs de leur caserne. Comment se sentir réellement utile, en tant que combattants, quant on livre une guerre contre un ennemi invisible dans un pays encore meurtri par les attentats de 2015. Ne pas laisser ses problèmes personnels entacher son travail dans la lassitude du terrain, afin de ne pas franchir la ligne rouge qui sépare vigilance et paranoïa.

Giovanni Aloi

La réalisation de Giovanni Aloi est nécessairement simpliste pour être à la hauteur de la complexité de l’histoire. Il utilise les codes du documentaire pour nous offrir une immersion dans la vie de ces soldats et ainsi faire monter une tension froide tout au long du film. Sans spoiler, il suffit de prendre en exemple la scène où le personnage de Karim Leklou avance dans les allées d’un super-marché, rien d’extraordinaire de prime abord… Pourtant la manière de placer la caméra, le son et les mots prononcés suffisent à vous serrer l’estomac. Pas la peine ici de rajouter une bande originale épique ou des effets de caméras, c’est justement le réalisme et cette simplicité qui font tout le travail.

Vous l’avez compris, « La troisième guerre » est un excellent premier film porté par un casting au talent expérimenté. Mais surtout, le réalisateur a cherché à être au plus près de la vérité quotidienne de ces soldats. Quant on lui demande comment il s’est documenté, Giovanni Aloi explique : « Avec Dominique Baumard, le scénariste, nous avons rencontré plusieurs anciens militaires issus d’opérations Sentinelle et nous avons pris le temps de les écouter, à la fois pour qu’ils nous racontent ce qui se passe réellement au sein des patrouilles, mais aussi pour comprendre les relations qui se tissent entre eux. Nous nous sommes familiarisés avec leur langage, mais également avec la façon dont ils regardent la ville, à la recherche d’éventuels suspects. L’inactivité et le sentiment d’inutilité provoquent de nombreuses dépressions et beaucoup quittent l’armée. Sur le plateau, nous avions un conseiller militaire qui donnait aux acteurs des consignes précises quant aux gestes, aux mouvements, au maniement des armes, à la façon de regarder ».

Le film est en salle depuis le 22 septembre, ne le manquez surtout pas. Bande-annonce :

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