BILLIE HOLIDAY, UNE AFFAIRE D’ÉTAT : Une vie harcelée, pour une chanson vérité. Un grand film qui révèle une Andra Day sensationnelle. Critique.

Lee Daniels, le réalisateur du sublime « Le majordome », propose avec « Billie Holiday, une affaire d’État » une oeuvre poignante et nécessaire sur la vie de la grande chanteuse de jazz, Billie Holiday. Mais surtout, le film révèle un talent et une performance exceptionnelle à l’écran, celle de l’actrice Andra Day. À voir absolument au cinéma dès le 2 juin.

« Southern trees bear a strange fruit. Blood on the leaves and blood at the root » (« Les arbres du Sud portent un fruit étrange. Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines »), voici les paroles de la chanson « Strange fruit » de Billie Holiday, des mots qui ont causé bien des maux dans la vie de la chanteuse. Puisque tout part de là dans « Billie Holiday, une affaire d’État », de cette chanson dénonçant la ségrégation encore très présente dans l’Amérique de la fin des années 30. Un titre qui va faire d’elle l’ennemie d’État qu’il faut absolument faire taire et ce, peu importe la manière.

Nous ne sommes pas ici dans un biopic consacré à la chanteuse, mais plutôt sur une période précise de sa vie, si ce n’est la plus importante, celle où elle est devenue un symbole. Mais ce statut, Billie ne l’a jamais cherché, ni souhaité. Elle, ce qu’elle veut c’est chanter, chanter pour se libérer de son enfance malheureuse, chanter pour oublier ses démons, chanter pour avoir l’impression d’être en vie. Comment de pas avoir envie de laisser sortir ces notes magnifiques quand on a une voix aussi sublime que celle de Madame Holiday. Mais souvent, les grandes voix sont composées d’âmes torturées et la chanteuse de jazz ne déroge pas à cette règle. Toxicomane, alcoolique, attirée pas les hommes violents, la musique n’est plus assez puissante pour panser les douleurs de la star. Et c’est exactement là-dessus que le FBI va s’appuyer pour essayer de faire taire la chanteuse. Un harcèlement permanent qui va durer près de 20 ans. Cette période douloureuse, mais tellement importante, le réalisateur Lee Daniels a réussi à la retranscrire parfaitement à l’écran. Il filme Andra Day de sublime manière quand elle est sur scène, là où Billie était la plus heureuse, mais c’est aussi sans complaisances, qu’il nous montre comment la star pouvait être dans ses moments sombres.

Lee Daniels & Andra Day

Pour l’aider à faire de « Billie Holiday, une affaire d’État » un grand film, le réalisateur a fait appel à la chanteuse soul Andra Day. C’est son premier grand rôle au cinéma, elle qui a commencé sa carrière de chanteuse en 2015, après avoir été repérée par Stevie Wonder. Dans ce film, Andra Day ne joue pas, elle est Billie Holiday, son interprétation tout en puissance est impressionnante de justesse et de crédibilité. Associez à ça, sa voix granuleuse et tellement jazzy quand elle interprète elle-même les chansons du film et vous obtenez une Billie Holiday plus vraie que nature. Après avoir vu le film, vous comprendrez pourquoi l’actrice a reçu aux derniers Golden Globes, le prix de la meilleure actrice dans un rôle dramatique et une nomination aux Oscars 2021.

En résumé, « Billie Holiday, une affaire d’État » est bien plus qu’un simple biopic, c’est un film historique sur la ségrégation raconté à travers les douleurs de la chanteuse. La réalisation de Lee Daniels est réglée comme du papier à musique et Andra Day éblouies l’écran de son talent et de sa voix. C’est un film fort, bouleversant et dramatique, comme peut l’être la note bleue quand elle transforme le jazz en blues.

Le film sort le 2 juin au cinéma et c’est à ne pas manquer. Bande-annonce (VOST) :

 

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